Ma définition
La posturologie est un incroyable outil de détection des causes de douleur musculo-squelettique récurrentes. C’est une approche que j’ai ajoutée à ma pratique depuis 2017 et qui me semble aujourd’hui indispensable.
La posturologie me permet donc d’évaluer un mécanisme le plus souvent ignoré ou négligé de la plupart des intervenants en santé, le système postural. Ce système automatique (involontaire) est responsable de la station debout et pour ce faire il doit collecter des informations via les yeux, le vestibule ainsi que les pieds. Une perturbation de l’information recueillie par ces organes ou une mauvaise intégration par le système central sera donc à l’origine d’un syndrome postural, tributaire d’une asymétrie du tonus musculaire. Sans oublier l’appareil manducateur (mâchoire), perturbateur par excellence de la posture.
Une évaluation postural a donc pour but de déterminer si le tonus musculaire de la station debout présente des asymétries et qu’elle en est la cause. Pour ce faire on procédera à plusieurs tests nous permettant d’établir si les pieds, les yeux ou la mâchoire peuvent être responsable du dérèglement.
«Les syndromes posturaux sont tellement fréquents et ignorés de tous, y compris des médecins, que la posturologie est une connaissance supplémentaire indispensable pour prendre en charge la grande majorité des douleurs vertébrales communes.» – Dr Michel Marignan
Définition officielle
La posturologie est l’étude du système postural, c’est-à- dire l’ensemble des éléments, et par extension des mécanismes neurophysiologiques permettant à l’Homme de tenir debout de façon automatique. Son champ d’études concerne donc la station debout humaine, mais aussi sa régulation et ses dérèglements (syndromes posturaux).
Tiré du Magazine Votre bien-être

Dessin de Jade, d’après Pierre-Marie Gagey
C’est par des informations recueillis au niveau du vestibule, des yeux et des pieds que le système postural peut nous maintenir debout de façon automatique.

Une brève histoire de la posturologie
L’Homme est le seul animal dont la position la plus naturelle est la position debout. Mais immédiatement se pose la question : «Comment l’homme conserve-t-il cette position debout, malgré le vent qui souffle sur lui?» Quels mécanismes, vraisemblablement automatiques, sont-ils mis en jeu?
C’est ainsi que Charles Bell, dès les débuts du dix-neuvième siècle, formulait un questionnement qui, avec les progrès de la physiologie, a progressivement trouvé des réponses. Cela devait conduire finalement à la naissance du concept de système postural.
Les savants du XIXe siècle avaient déjà en main certaines réponses: rôle de la vue et de la proprioception des membres inférieurs découverts par Romberg, du vestibule par Flourens, de la proprioception des muscles paravertébraux par Longet (1845) et de l’oculomotricité par de Cyon (1911), mais personne à cette époque n’avait une vision d’ensemble.
Vierordt, à Berlin en 1860, quant à lui, ne disposait pas des outils nécessaires pour observer ce phénomène fragile, subtil, qu’est le tonus musculaire ni la position orthostatique. L’école de posturographie qu’il a fondée a dû attendre plus de cent ans les appareils électroniques qui enregistrent le phénomène sans le modifier (Ranquet, 1953), l’informatique capable d’analyser en détail un signal bien difficile à interpréter à l’œil nu, et des années de recherche avec ces appareils performants pour déjouer, un par un, les pièges de la posturographie.
Nous savons actuellement que l’homme se tient debout grâce non pas à un sens, mais à une organisation en système de plusieurs sens. La Posturologie a acquis ses lettres de noblesse lorsque P.M. Gagey, disciple de J.P. Baron, publia ses premiers travaux cliniques en 1973.
Depuis, bien des chercheurs ont contribué à clarifier et étayer les savoirs sur le système postural d’aplomb (SPA) (quand l’homme est en position debout «immobile») et le système postural d’action dès qu’il est en mouvement, en étudiant et en validant de nombreux tests cliniques, venant enrichir l’étude du système postural qui nous semble une clef indispensable à la prise en charge raisonnée et étiologique de nombreuses pathologies vertébrales, de l’équilibre et de la cognition.
La posturologie de nos jours
L’auteur du chapitre et médecin expert de la commission sur la posturologie est Michel Marignan.
La posturologie, dans sa forme moderne, est née en France dans les années 1980 autours des travaux du Professeur Jean-Bernard Baron et de son élève le Docteur Pierre-Marie Gagey. Elle étudie le système postural, ensemble des éléments, et par extension des mécanismes neurophysiologiques permettant à l’Homme de tenir debout de façon automatique. Son champ d’étude concerne la station debout, sa régulation et ses dérèglements (syndromes posturaux).
La posturologie clinique est l’application à la médecine de ces connaissances. Elle n’est pas une philosophie ou une méthode de traitement, mais un ensemble de connaissances complémentaires impliquant une approche orientée du malade, incluant des méthodes d’observation et des examens cliniques ou instrumentaux particuliers, au sein desquels de nombreux examens para-cliniques ont leur place, ainsi que des méthodes thérapeutiques particulières destinées à restaurer ces régulations. Sa pratique est accessible aux médecins et aux professions paramédicales. Il existe en France des formations spécifiques à différentes spécialités (podologues, ophtalmologistes, dentistes,..) et un diplôme inter-universitaire reconnu.
Le test de piétinement de Gagey
La pratique de la posturologie s’inscrit dans le schéma standard conventionnel du diagnostic (positif, différentiel, étiologique) suivi de traitement. La posturologie ne fait aucun emprunt spécifique aux médecines manuelles, ni à la biomécanique, ni à l’orthopédie, elle n’utilise pas de médicament, mais des techniques de restauration fonctionnelle spécifiques.
Elle établit après bilan clinique et éventuellement paraclinique l’existence d’un trouble de la régulation de la station debout, et propose une ou des corrections adaptées selon ses origines (manœuvres kinésithérapiques, port de semelles posturales, rééducation orthoptique ou port de prismes posturaux, traitement manducateur, etc.).
Les pathologies fonctionnelles induites (ou syndromes posturaux) par un trouble du contrôle postural sont parmi les plus fréquentes des pathologies rencontrées par les médecins généralistes.
En France, pays de son origine, la formation initiale en posturologie est assurée par le diplôme universitaire déjà cité (128 h d’enseignement théorique (ou équivalent TD) et 48 h d’enseignement dirigé), par plusieurs associations d’existence plus ancienne créées avant le diplôme inter-universitaire et qui ont contribué à sa mise en place (ORION, SOFPEL, API, etc.). Peuvent étudier la posturologie en France les titulaires d’un doctorat d’état (médecine, pharmacie, odontologie) ou d’université (sciences), les diplômés de troisième cycle des universités (DEA, DESS), les étudiants de troisième cycle des universités (DES, résidents), les diplômés d’état d’exercice paramédical en exercice dans leur spécialité.
Pourquoi s’intéresser à la posturologie de nos jours ?
La posturologie est une approche de choix dans la prise en charge des TMS (Troubles Musculo-Squelettiques) et des douleurs rachidiennes. Elle propose dans ces pathologies une prise en charge fonctionnelle, préventive, éducative, diagnostique et thérapeutique.
Des évaluations ont été menées en posturologie par L’AERES (Agence d’Évaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur) qui a rendu des rapports très favorables à propos d’unités de recherche (Université Caen Basse Normandie, Université Montpellier I). La posturologie est multidisciplinaire, car le système postural englobe de nombreux appareils (muscles, peau, articulations, appareil manducateur, œil, pieds, système vestibulaire, centres supérieurs) travaillant de façon multi-sensorielle et multimodalitaire (proprioception, extéroception rétinienne, informations vestibulaires). Certaines professions concernées sont paramédicales (kinésithérapeutes, podologues, orthoptistes), d’autres sont des spécialités médicales (ophtalmologie, ORL, orthopédie, rhumatologie). Ce qui les unit et parfois les oppose est une connaissance particulière à chacune adaptée à la problématique du contrôle postural.