
Je dois vous parler de quelque chose d’important pour moi et qui est encore jugé par tellement de gens, surtout les hommes : la psychothérapie. Probablement parce qu’on la connaît mal et donc que ça nous fait peur.
Mon expérience.
J’ai toujours cru que de consulter un psychothérapeute était bon pour tout le monde, même si on a pas de gros problème, mais moi je n’avais jamais consulté. C’est lors d’une relation houleuse (où je n’arrivais pas à m’engager) que je me suis fait dire « tu devrais consulter, ça pourrait t’aider ». Oups, quand la vie te ramène en pleine face ce que tu prêches, vos mieux l’écouter. J’ai donc décidé de faire un homme de moi, pis j’y suis allé.
Ce jour-là, sans le savoir, j’ai changé ma vie. J’ai commencé un cheminement qui a complètement modifié ma vision des relations, de mon rapport aux émotions et de ma façon de les communiquer.
Quand on veut être en forme, on consulte un kinésiologue.
Quand on veut perdre du poids, une nutritionniste.
Quand on a mal quelque part on va voir un médecin, un ostéopathe, un physiothérapeute, etc…
Quand on vit des problèmes relationnels (qui n’en vit pas?) on en parle à nos amis, à notre famille, notre conjoint. Comme c’est difficile d’aller voir un professionnel dans ce domaine! Surtout pour les mecs…
Pourtant, il ne me prend pas l’idée de demander de l’aide à ma mère pour mon mal de genou, ni de demander des conseils alimentaires à mon oncle Roger.
Arrêtons de mettre la santé mentale dans une classe à part, intouchable et taboue. Cela fait partie de notre santé et on doit s’en occuper, point.
Pour les hommes, la santé mentale semble être le dernier bastion à ne pas toucher. Comme s’ils fallaient être en totale déprime ou avec des pensées suicidaires pour envisager de consulter. Contrairement aux femmes, qui ont presque tous déjà consulté, la majorité des hommes à qui j’en parle dans mon travail sont réfractaires à l’idée. Ma seule porte d’entrée est donc le témoignage.
Lorsque j’ai consulté, je n’étais pas déprimé. Je n’avais pas d’idées suicidaires. J’ai eu une enfance heureuse, remplie d’amour et socialement nourrie. Je vivais seulement des insatisfactions de couples. En faisant ce saut dans l’inconnu, j’étais loin de me douter que cela aurait un impact si grand sur ma vie. J’ai découvert LES ÉMOTIONS. Ces choses qui nous envahissent, nous manipulent, nous chamboulent: nous font sentir vivant quoi. Elles sont omniprésentes dans nos vies et très souvent, on ne sait pas quoi faire avec.
Face à nos croyances, c’est d’autant plus vrai. Encore aujourd’hui, on grandit avec l’idée qu’un homme qui pleure est faible et qu’une femme en colère est une hystérique. Ce genre de croyance crée de la confusion dans la gestion de nos émotions. Vous ne me croyez pas? Combien d’hommes vivent leur peine dans la colère et combien de femmes pleurent lorsqu’elles sont en colères? On est clairement mélangé.
J’ai donc appris (et j’apprends encore) à identifier les émotions que je vis, à ne pas les fuir, mais plutôt à voir pourquoi elles se présentent et comment les exprimer de façon responsable. Tout le monde dit que la communication dans le couple est primordiale, mais se parler et communiquer de façon profonde et responsable c’est le jour et la nuit.
La majeure partie de ma clientèle étant féminine, j’ai beaucoup de témoignages de femmes qui vivent des difficultés relationnelles à différents degrés. Beaucoup d’entre elles ont déjà consulté en psychothérapie et elles me témoignent toutes que leur conjoint est très réticent à consulter.
J’aimerais donc héler les hommes et leur dire que nous ne sommes plus à l’ère préhistorique. Que se montrer vulnérable ne mettra pas en danger leur vie, ni celle de la tribu, bien au contraire. C’est faire preuve de force, d’autonomie et de confiance en soi que de s’occuper de sa santé. N’hésitez pas, «Plongez!» dans le monde des émotions. C’est la seule façon d’apprendre à nager et apprivoiser les marées.
« L’être humain n’est pas mu par des mots, ni par des idées, ni par des opinions, mais par les émotions qui les sous-tendent. »
Colette Portelance dans Relation d’aide et amour de soi, Édition du CRAM
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